Connaissez vous les origines du point de croix?





Les fragments les plus anciens datent de 850 après J.C. et viennent d’Asie centrale. Mais c’est au Moyen Âge que commence lavéritable histoire du point de croix. Il est prouvé qu’entre le Xème et le XIIIème siècle les châtelaines, dans leurs attentes interminables, copiaient au point de croix les motifs des tapis que leurs époux, entre 2 croisades, ramenaient d’Orient. Les broderies étaient des bordures ornementales, naturellement géométriques, des ourlets et des manches de vêtements masculins et féminins.


A l’époque de la Renaissance, le point de croix se répand dans toute l’Europe et devient une des bases de l’éducation féminine, favorisée par l’Eglise, grande consommatrice pour ses propres ornements, de broderies en tous genres. C’est alors que naît le sampler ou marquoir, un morceau de tissu sur lequel les jeunes filles s’exercent à broder des grecques, des fleurs et des symboles religieux. Les marquoirs restent dans le patrimoine familial de génération en génération, s’accumulent et finissent par former de véritables encyclopédies que l’on consulte pour trouver le motif le plus adapté au travail du moment.

Le plus souvent en lin, ils sont brodés avec des fils de soie ou de laine, ton sur ton, le coton étant encore très rare en Europe et les couleurs très peu nombreuses dans le commerce. Les dessins sont disposés au hasard et les samplers n’ont pas encore cet aspect de tableau qu’ils auront par la suite.

En 1500 commencent à circuler les premiers schémas imprimés. Ils viennent essentiellement d’Allemagne et d’Italie, et en 1586, on publie en France "La clef des champs", un livret contenant des motifs de fleurs et d’animaux stylisés s’inspirant de l’Orient et des symboles héraldiques.

Au XVIIème siècle, éclate la "révolution rouge", provoquée par l’arrivée en Europe, provenant d’Amérique, de nouveaux colorants naturels, économiques et faciles à utiliser, qui permettent de teindre les fils en rouge. Toutes les broderies au point de croix deviennent alors rouges sur fond blanc. Les femmes commencent à apprendre à écrire et le marquoir, avec un, deux, trois, jusqu’à 6 alphabets différents, est une manière de s’exercer. Autour des lettres, des fleurs et surtout des symboles sacrés bien agencés : le marquoir commence à prendre une forme de tableau.

Au XVIIIème, les dessins s’affinent et se compliquent, moins stylisés mais plus réalistes, et dans la deuxième moitié du siècle les premiers paysages apparaissent.

Au XIXème siècle, favorisé par le développement de l’industrie textile et de la diffusion des journaux féminins et surtout des schémas colorés à la main sur une base quadrillée, le point de croix devient la passion du siècle, matière enseignée dans les écoles et passe-temps des femmes de tous âges et de toutes classes.

Pour la première fois, on produit les canevas Pénélope qui avec leur trame particulière incitent à broder aussi à petit et demi-point. En 1886, Thérèse de Dillmont, aristocrate viennoise, déjà membre de l’Académie de la Broderie de l’impératrice Marie-Thérèse, et fondatrice d’une école de broderie avec atelier et publications, s’associe à Jean Dollfus, grand industriel du textile, dont la maison DMC est arrivée intacte jusqu’à nous.Traduite en 17 langues, l’encyclopédie de Thérèse se vend à 2 millions d’exemplaires. Mais la fin du siècle marque aussi la fin du point de croix.

Il disparaît soudain des trousseaux et des salons pour ne plus exister que dans les écoles pour encore quelques années. Les femmes lui préfèrent d’autres points plus libres qui permettent de copier les volutes et les fioritures des motifs Liberty et se découvrent un nouvel engouement pour la broderie blanche qui durera jusqu’à la deuxième guerre mondiale.

Et puis, la femme s’est engagée dans les grandes luttes du siècle qui vont l’amener à l’égalité juridique et morale avec l’homme ; elle n’a plus le temps ni l’envie de broder, et sans doute un peu honte de cette activité trop féminine.

Dans les années 80, le point de croix fait un retour en force avec des dessins frais, tendres réalistes ou drôles. C’est de nouveau le coup de foudre.
Source : Extrait de L’encyclopédie du point de croix (Prima Donna Éditions)



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